Le ras le bol de la polarisation !

 

Partout, la polarisation semble se cristalliser et la société, que nous décrivent chaque jour les médias, se radicaliser et se fragmenter. Pourtant, plusieurs signaux commencent à composer une autre mélodie.

En quelques semaines seulement, une nouvelle étude de Destin Commun, en France, conclut que la population n'est pas si polarisée qu'on voudrait nous le faire croire. Aux États-Unis, les discours entendus à la conférence TED 2024, un des lieux où chaque année je découvre des tendances émergentes, indiquent un phénomène similaire.

Nous sommes épuisés par les affrontements et cherchons la tranquillité et le dialogue apaisé. Les sociétés américaine et française semblent avoir en commun un profond désir de dépolarisation. Les acteurs politiques ou médiatiques qui divisent, fragmentent, jettent de l'huile sur le feu et ravivent les peurs pourraient connaître un retour de bâton plus violent qu'on ne l'aurait cru.

Du rapport TED 2024 ressortent deux éléments

1. Les Américains sont sidérés par les proportions de la Cancel Culture dans la société. Le retour de bâton, toujours très rapide et brutal aux États-Unis, est en cours.

2. Un profond désir de dépolarisation des discours politiques, de contrôle des médias sociaux et de trouver des terrains de dialogue apaisé monte dans la société.

 
 

Lire le rapport TED 2024

 
 

De l'étude de Destin Commun ressortent deux points similaires :

1. Les Français sont nombreux à chercher un cocon. Ils aspirent à un espace de tranquillité face au rythme effréné et à la violence qu'ils perçoivent dans le monde. La campagne a été un refuge pour de nombreux néoruraux pendant la période Covid, mais la perception de la violence les atteint également.

2. Les Français ont conscience de l'effet toxique croissant de l'audiovisuel et des médias de toutes sortes. L'effet boomerang devrait inquiéter les rédactions de tous bords.


 
 

Lire les études Destin Commun

 
 

Les pistes proposées par Destin Commun sont cohérentes avec celles évoquées sur la scène de TED la semaine passée :

Pour Destin Commun :

  • Cultiver l’agentivité – rendre les personnes actrices de leur vie – pour lutter contre le très répandu sentiment d’impuissance et d’invisibilité, qui alimente la défiance. Les Laissés pour compte sont le groupe prioritaire à cet égard ;

  • Lutter contre l’isolement relationnel, qui s'étend dans notre pays et contribue à la peur de l’Autre. Il ne peut y avoir d’empathie, et donc de cohésion, sans connexions humaines ;

  • Tenir compte des peurs, y compris celles des Identitaires, plutôt que de les nier ou de les dénoncer : la recherche a montré que l’auto-censure sur des questions morales faisait augmenter la défiance ;

  • Redonner confiance au milieu ambivalent (quatre des six groupes de notre typologie), paralysé par la puissance vocale de la France polémique. Lui rappeler qu’il est majoritaire, et qu’il n’est pas souhaitable qu’il s’auto-censure, comme les Stabilisateurs peuvent en être tentés ;

  • Dénoncer les experts de l’identity politics et les entrepreneurs du chaos en révélant leurs méthodes, pour renforcer la résilience de la société ;

  • Ménager une place pour l’espoir et pour les solutions dans le traitement de l’information, dont le caractère principalement anxiogène façonne une société de la peur.

A TED, quelques citations glanées pendant les 5 jours de conférences :

  • Fuyez les contenus, les personnalités et les médias polarisants.

  • Il est « plus difficile de haïr de près » : passez plus de temps avec des personnes qui pensent différemment.

  • Déployez plus d'efforts pour servir et contribuer à la société.

  • Cultivez l'humilité, la patience et la modération.

  • Se battre non pour gagner mais pour comprendre !

En conclusion, si on raisonne en termes de marketing politique, les offres politiques qui apaiseraient le débat public, contrôleraient les dérives sensationnalistes des médias, créeraient du lien et déconstruiraient la propagande des politiques d'hyperpolarisation pourraient trouver un écho favorable auprès des électeurs…

À bon entendeur !