Ne perdons pas, non plus, la bataille de la blockchain !

En matière d'intelligence artificielle, la France a accumulé trop de retard face aux Gafa et autres BATX. Il est donc impératif qu'elle mise sur la prometteuse technologie blockchain. Hélas, Bercy suit une autre direction.


Publié dans les Echos le 24 janv. 2018

Il faut l'avouer, nous n'avons jamais eu de gouvernants si judicieux et volontaristes sur les sujets de l'innovation ! Jean-Michel Blanquer, notre ministre de l'Education, pose les bonnes questions par exemple sur l'usage des neurosciences à l'école. Matignon, par l'entremise de Cedric Villani, avance à grands pas sur l'intelligence artificielle. Notre président investit les bons sujets : la création de la consultation sur l'éthique des biotechnologies et le partenariat fort avec la Chine pendant son quinquennat.

Mais, pendant ce temps, le ministère de l'Economie et des Finances marche à reculons. En novembre dernier, Bruno Le Maire annonçait que l'Europe devait se doter d'une intelligence artificielle que le monde entier nous envierait ! Il y a quelques jours encore, il nommait à la tête d'une mission sur les cryptomonnaies un des plus farouches détracteurs du bitcoin : Jean-Pierre Landau. Cet ancien de la Banque de France compare régulièrement la monnaie virtuelle aux tulipes hollandaises du XVIIe siècle !

Un retard irrattrapable

Notre gouvernement innove mais fait, en même temps, une erreur fondamentale s'il croit que l'Europe rattrapera la Chine et les Etats-Unis sur l'IA. Baidu, Facebook et Google investissent chacun plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année dans le « deep learning » depuis 2015.

Le pentagone a provisionné pour cette année 13 milliards de dollars pour financer des applications de défense basées sur l'intelligence artificielle. La France et l'Europe ne parviendront pas à rattraper la Chine et les Etats-Unis, malgré les annonces de Bercy et la création d'un fonds de 300 millions d'euros par an.

Quelles solutions s'offrent à nous ? Sur le sujet de l'IA, au mieux, et ce serait déjà une excellente nouvelle, nous devrions développer des services sur les infrastructures déjà existantes des Gafa américains et BATX chinois au lieu de les défier. Si nous nous y prenons bien, nous saurons les rendre indispensables au reste du monde. Autrement dit, la bataille de l'indépendance est perdue mais il nous reste celle de l'interdépendance !

Technologie d'avenir

La bonne nouvelle est qu'il y a une autre opportunité : la blockchain ! La période 2017-2020 est à cette technologie ce que les années 2007-2010 étaient au « deep learning ». Personne n'y croyait et les pionniers  de l'époque sont les géants d'aujourd'hui. Ils ont su l'utiliser pour créer les plates-formes que nous connaissons tous. Nous devrions faire de même avec cette nouvelle technologie qui peut rebattre les cartes des organisations économiques, sociales et politiques de demain.

Il est temps de mettre Bercy dans le bon sens de la marche !

Accompagner le développement de la blockchain passe avant tout par une politique fiscale avantageuse. Elle aurait pour but d'attirer, voire de conserver en France, les fonds et les talents du secteur. Un premier acte fort serait d'aligner la taxation des plus-values en cryptomonnaies sur celle des valeurs mobilières.

Un second, pourrait être de suivre les recommandations de l'Autorité des marchés financiers afin de promouvoir et sécuriser l'usage des cryptomonnaies et celui des levés de fonds qui les utilisent (les ICO).Nous ne pouvons pas rater, à nouveau, cette occasion unique. Il est temps de mettre Bercy dans le bon sens de la marche !