Du soleil, des cerveaux et des IA…

Saviez-vous que les deux premiers événements TEDx français ont été créés par deux entrepreneurs d’origine marocaine. C’est mon cas personnel et celui de Salah Benzakour pour TEDxAlsace. Ce sont les deux premiers TEDx français.

Un hasard ? Peut-être pas. Cette coïncidence révèle quelque chose de plus profond sur l’ADN entrepreneurial et la culture marocaine : l’hospitalité érigée en norme sociale, une curiosité et une créativité prononcées, un sens de la débrouillardise et de l’innovation dans la frugalité (le fameux système D africain), une rare ouverture d’esprit, produit d’un respect historique de la diversité et de la coexistence harmonieuse entre cultures et communautés (amazighe, andalouse, africaine, juive). Cela a fait l’objet de plusieurs travaux de recherche menés par l’UNESCO qui a documenté l’intégration de la diversité culturelle dans les politiques publiques marocaines, et l’impact productif de l’innovation frugale dans l’industrie et l’éducation.

Cette semaine j’ai eu la confirmation de cette spécificité marocaine. J’étais invité par la CDG (l’équivalent marocain de la caisse des dépôts et de la BPI) à donner une conférence sur l’IA à Rabat. 

J’ai redécouvert un Maroc en pleine effervescence. Non pas celui de la nostalgie de mes racines casablancaises, mais un pays qui se réinvente avec une ambition radicalement assumée. Les chiffres donnent le vertige : une croissance de +400% dans les levées de fonds marocaines depuis 2 ans, +5 milliards de dollars mobilisés pour la Coupe du monde 2030, la stratégie Digital Morocco 2030 qui vise 240 000 emplois numériques et surtout, une diaspora de 5 millions de Marocains de plus en plus tentée par un retour aux sources… La perspective de la Coupe du monde 2030 crée une frénésie palpable.

À cette occasion j’ai rencontré des experts IA formés dans les plus grandes écoles européennes, américaines et canadiennes, qui sont revenus s’installer dans le pays, attirés par le dynamisme économique et la qualité de vie. Ils incarnent un phénomène nouveau. Non pas un retour nostalgique, mais une décision calculée face aux opportunités qu’offre le positionnement désormais unique du Maroc comme hub technologique de pointe ouvert sur l’ensemble du continent africain.

Dans un article publié jeudi dans Tel Quel j’explique en quoi le pays a une position unique pour attirer les plus brillants talents de l’IA, et exploiter ses ressources abondantes pour répondre aux besoins de l’Afrique dans les 15 prochaines années. Les atouts du pays se résument en deux mots : du soleil et des cerveaux. Le Maroc peut devenir un hub de l’IA pour l’Afrique parce qu’il se positionne sur deux « maillons » décisifs de la chaîne de valeur : l’énergie (indispensable à l’IA) et la nécessité d’adapter et de personnaliser les modèles aux besoins locaux . Avec ~3 000 h d’ensoleillement/an et un objectif de +50 % de capacités renouvelables en 2030, le pays attire data centers et clouds ; et avec ses talents multilingues il localise l’IA pour les usages réels africains santé, agriculture, finance, éducation…). Le royaume peut devenir le territoire où toutes les IA viennent parler aux deux milliards d’Africains ». (Telquel.ma)

Et on commence à voir les résultats de cette approche, notamment à travers les initiatives que j’ai eu l’occasion de découvrir sur place. Je pense au startup studio 34 Ventures 34stud.io, à l’agence AI Crafters (spécialisée dans la formation et le conseil IA) aicrafters.com, à DeepEcho qui propose un système d’échographie prénatale automatisée, à ToumAI qui déploie des chatbots en arabe dialectal (le darija), à Palm une solution RH de gestion des talents par l’IA. Elles sont toutes adaptées aux réalités africaines et aux besoins du continent. Quand CloudFret optimise les trajets routiers de marchandises ou que Jobop matche travailleurs et emplois temporaires, ils résolvent des problèmes concrets avec des moyens mesurés. C’est l’antithèse du “move fast and break things”. Ils “innovent utile et construisent durable”.

Ce que je retiens de ce court séjour, c’est ce sentiment d’un momentum. Le pays pourrait devenir le territoire où l’IA apprend à parler aux deux milliards d’Africains, dans leurs langues, avec leurs contraintes, pour leurs besoins. Un carrefour où se rencontrent les technologies américaines, chinoises et européennes pour se réinventer à l’africaine.

 

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